Header image ANTOINE TUDAL  
 
 

Carnets intimes (extrait)

Vous voici enfin dans la peau des indiscrets.
Vous voici la petite fille qui, dans le frais du sombre corridor, prête à la porte son oreille pour entendre battre les coeurs de ses auteurs.

J'étais à Paris, dans l'un des nombreux ascenseurs de la Salle Pleyel, lorsque de puissantes sonorités vinrent me remplir les oreilles.

J'arrêtai net et pénétrai dans une salle où se tenaient de riants musiciens noirs qui répétaient un peu de leur musique.
En fait ils ne répétaient point puisqu'il n'y avait pas de spectateurs ; ils jouaient pour eux, pour n'importe qui, pour la liberté de jouer ou plutôt de faire de la musique sans penser au morceau.

Je fus heureux, très heureux, trop peut-être, car je pus rire silencieusement au point d'en ressentir des crampes.

La musique ou la peinture quand je les aime me font rire, c'est la joie.

J'étais cependant un peu honteux de m'être introduit dans le plaisir de ces hommes. Ils ne m'avaient point convié à les entendre et sans doute, leur musique de ces instants ne m'était-elle pas destinée...

Une autre fois, ayant poussé la grille d'un jardin, je vis, dans un coin retiré un homme assis en face d'un mur couvert de lierre.

Il tenait un cahier noir de comptable et dessinait, dessinait inlassablement une feuille de lierre.
La même toujours, ou peut-être sa voisine, ou bien encore une feuille de lierre qui cette année-là, ne crochait plus la pierre.

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