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Rends-toi ô mon coeur

Antoine à Concarneau

"Rends-toi ô mon coeur
nous avons assez lutté
et que ma vie s'arrête."
Henri Michaud.

Le onze avril 2010, le coeur d'Antoine Tudal a cessé de battre. J'étais sa compagne... Juste avant son grand sommeil, il m'avait demandé de lui lire ce texte de Pierre Reverdy.

"Le réel est en dehors de moi. Pour m'adapter au réel, une adaptation si précaire, pour pouvoir vivre dans ce bocal, on a été obligé, et j'ai été surtout ensuite obligé moi-même de me forger sans arrêt, de me former et de me reformer selon les circonstances et toujours selon les exigences d'un état de choses extérieur et jamais d'après le simple élan de ma nature, de ce que je sens de plus irréductiblement simple dans ma nature. Ce désir immédiat, la succession des désirs immédiats."

Antoine était un homme de l'instant mais comme tous les poètes, il savait aussi s'asseoir pour regarder ce qui est debout :

"Et l'esprit n'est que ce point noué
à la croisée des chemins
ce point d'orgue
c'est le point soleil
c'est le point lumière
projeté en rayons comme se plante la flèche
comme se tend le fil sur lequel avance la vie
les bras écartés pour mieux étreindre
et garder l'équilibre."
Antoine Tudal.

Il m'incombe aujourd'hui de permettre à son oeuvre, ses photos, ses pièces de théâtre de continuer à vivre et de rencontrer vos regards et vos esprits.

Pour ma part, il m'a fait grandir, il m'a appris à ne pas être un être de certitude. C'est donc à la fois armée de doutes et d'un fol espoir, dans ce monde plus propice aux marchands qu'aux prophètes que j'espère avec votre aide pouvoir réussir cette tâche.

A Beaune, les journées de la poésie du mois d'octobre 2010 devraient être en partie consacrées à Antoine. Je vous tiendrai informé du programme dès que j'en aurai la forme définitive.

Lorsqu'il a écrit ce poème, Antoine avait treize ans.

"Je suis petit
je contemple les feuilles du jardin
je pense aux jeux de la vie
je pense aussi au jour
où le pire m'appellera
je veux être prêt ce jour-là
pour un très grand destin
que de choses je veux mettre
en ces quelques années
qui me séparent du temps
où je serai semblable
aux nervures d'une feuille."

Viviane Montagnon.